Les écomusées en Europe - PDF
Maurizio Maggi. Les Écomusées en Europe / Ecomuseums in Europe. Torino : Istituto ricerche economico-sociali del Piemonte, 2000, 102 pages. (Working paper ; 137)
CONTEXTE
Ce document a été publié dans la série des documents de travail de l'Institut de recherche socio-économique du Piémont. Il consiste en une étude de potentiel de l'approche écomuséologique pour la région du Piedmont, visant à établir des lignes directrices pour la distribution de fonds que le gouvernement piémontais investit dans le développement d'écomusées, soit trois millions d'euros en quatre ans.
Par ailleurs, cette recherche se situe dans le contexte de la loi sur la promotion des écomusées, que le Conseil régional du Piémont a votée en 1995. À travers la mise en valeur du patrimoine régional dans le cadre de projets locaux, cette initiative a pour but d'augmenter la «conscience identitaire» des Piémontais et de contribuer au développement socio-économique de la région. Présentement, il y a onze écomusées dans le Piémont qui sont appuyés par une équipe de soutien composée de deux architectes, un muséologue et un économiste.
L'étude est principalement basée sur une vaste recherche de terrain : près de trente rencontres avec le personnel clé de musées et d'associations à travers l'Europe (Allemagne, Danemark, France, Italie, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Suède), suivie d’une enquête postale auprès de 670 institutions muséales européennes dont 196 ont répondu au questionnaire. L’enquête a été complétée par l’étude d’un nombre restreint de documents pertinents, parmi lesquels on trouve certains classiques et le récent ouvrage de P. Davis, Ecomuseums : a sense of place, Leicester (Leicester University Press), 1999.
LE RAPPORT
Le document est divisé en trois parties : la partie principale consistant en une évaluation critique du potentiel de l’écomusée, suivie de fiches descriptives mettant en vedette une vingtaine de musées (écomusées et autres), et finalement une courte troisième section, plutôt une annexe, qui regroupe des informations relatives à la loi sur les écomusées et à la méthodologie ainsi qu’une bibliographie sélective.
Les écomusées en Europe est un document assez complet, une mise au point actuelle et en français qui est intéressante à plusieurs égards.
- La méthode empirique : l’approche théorique de l’écomuséologie étant très séduisante et prometteuse, il est toujours révélateur d’examiner ses réelles forces et faiblesses dans le cadre d’une enquête empirique d’un certain nombre de cas concrets.
- L'approche critique : ce n’est pas un document de promotion des écomusées, mais une évaluation critique du potentiel que les écomusées pourraient avoir dans un contexte précis (mais en même temps assez universel).
- La largeur d'esprit : cette étude évite de tomber dans le carcan étroit de l’écomuséologie «hard line»; elle ratisse large en couvrant différents types de musées d’identité, c’est-à-dire autant les écomusées que les musées régionaux et communautaires, les musées de plein air et les musées du terroir.
- Le développement : l’équipe de recherche aborde l’écomusée dans une perspective de développement socio-économique durable ; cet aspect est très présent dans l’étude, la voie envisagée étant notamment celle du tourisme culturel.
LES RÉSULTATS DE L'ÉTUDE
Le modèle écomuséologique semble convaincre les chercheurs piémontais, d’abord par son approche communautaire et populaire, par sa vision globale du patrimoine et par son rapport étroit avec le territoire et l’identité. Les auteurs de l’étude réclament toutefois que l’institution soit non seulement ouverte au monde, mais aussi disposé à la collaboration avec d’autres organismes au sein d’un «district culturel», voué à un développement territorial durable qui joint culture et économie.
Les écomusées piémontais, décrétés par le gouvernement, réussiront-ils à jouer un rôle actif dans le développement régional ? C’est à voir. Pour notre part, nous espérons qu’il y aura une étude de l’impact socio-économique des écomusées du Piémont ! Aurons-nous la preuve que le musée de développement existe vraiment ?