Art and its Publics Museum Studies at the Millennium - IMPRIMÉ
Andrew McClellan, dir. Art and its Publics Museum Studies at the Millennium. Wiley-Blackwell, 2003, 236 pages. ISBN : 0-631-23047-5
Je porte à votre attention ce recueil de neuf essais, publié en 2003, sur la situation des musées des beaux-arts en occident. Le choix de l’édition a été basé sur les prémisses suivantes : le musée est un lieu où le public en général côtoie l’art, ce public est essentiellement éduqué, mais il manque de confiance en sa capacité à interpréter ce qu’il voit et pour cette raison il se fie aux professionnels du musée, principalement les conservateurs et les éducateurs. Ceci a pour conséquence d’octroyer au musée la lourde tâche de définir l’art.
Le premier texte est de Andrew McClellan, qui porte un regard bref mais précis sur l’histoire des musées des beaux-arts depuis la France révolutionnaire, en passant par la Grande-Bretagne victorienne jusqu’aux États-Unis consommateurs accomplis. L’histoire des musées est inévitablement marquée par les réalités politiques qui influencent les sociétés d’où elle s’épanouit. Harriet F. Senie pose la question de l’art public et de sa compréhension par le public qui se sent dépourvu sans le support des professionnels du musée. Ceci pose un nouveau défi pour le musée puisque ces interventions sont souvent hors de ses murs. Nick Prior et Alan Wallach abordent la question du «high art» et du «low art» en rapport avec l’héritage du Pop Art où l’art et la culture populaire sont intriqués. On y soulève le fait que l’annonce de la mort des musées des beaux-arts et de son public bourgeois a été grandement exagérée. Stephen Bann déplore la perte de la curiosité et de l’émerveillement au détriment du discours érudit qu’il associe à la venue de l’art contemporain et à la place importante laissée à la critique. Pourtant, écrit l’auteur, c’est la curiosité qui a «inspiré» 7000 visiteurs à voir l’exposition de Damien Hirst à la galerie Gagonia à New York. Anne Higonnet aborde aussi la notion de curiosité, cette fois dans le contexte des «house museum» en marge du musée public. Les essais de Ivan Gaskell, Christa Clark et Danielle Rice soutiennent que la présentation et la réception de l’art ont été complexifiés en réaction à la sensibilité postmoderne et que de ce fait, la remise en question de l’identité, de l’autorité et des moyens alternatifs trouve sa légitimité au sein de l’espace muséal.
Pour quiconque préoccupé par la question du public sans vouloir tomber dans la mode de «l’élargissement des publics» à tout prix, il y a ici matière à réflexion. Je n’ai pas lu tous les essais, mais j’ai trouvé des pistes de réflexions intéressantes en rapport avec la question du public qu’il faut mieux connaître pour mieux le comprendre et ainsi répondre à ses attentes sans avoir à être moins rigoureux sur le contenu artistique.
Marie-France Beaudoin