La juste valeur des musées
Le débat lancé par Le Devoir il y a quelques semaines concernant une possible surenchère de l’offre culturelle au Québec a, selon la Société des musées du Québec (SMQ), le mérite de soulever des questions fort pertinentes. La SMQ est d’avis que l’ensemble du milieu culturel est ici interpellé et que nul ne peut faire l’économie d’y réfléchir. Les réponses au questionnement sur la surproduction culturelle sont loin d’être simples et méritent d’être nuancées. Il y a avant tout le danger d’évaluer la culture qu’en termes quantitatifs alors que le rôle qu’elle joue dans la société est beaucoup plus large et complexe.
À l’aune de ces considérations, comment définir la valeur réelle des musées et sommes-nous actuellement en mesure de le faire? Michel Perron, directeur général de la SMQ, souligne « qu’il faut plus que jamais faire état des rôles fondamentaux des institutions muséales, mieux documenter les retombées sociales, économiques et touristiques. D’ailleurs, plusieurs travaux sont menés par la communauté muséale à l’international dont l’objectif est de démontrer l’importance et la valeur des musées ». De fait, il nous faut constamment revenir à la mission et à la responsabilité des musées en ce qui a trait à la sauvegarde, à la conservation et à la mise en valeur du patrimoine québécois. Porteurs de mémoire collective, les musées contribuent également à l’affirmation de l’identité des territoires et à la cohésion sociale, par les valeurs d’ouverture et de tolérance qu’ils défendent. Répartis et bien enracinés dans toutes les régions du Québec, les musées s’inscrivent pleinement dans les grands enjeux contemporains de notre société tels que la diversité culturelle et le développement durable. Aussi, on ne saurait trop souligner l’importance de leur rôle éducatif, notamment auprès des jeunes qui formeront la clientèle de demain.
L’offre des institutions muséales du Québec est plus que jamais diversifiée et de grande qualité. Par leurs expositions, leurs spectacles multimédias, leurs programmations culturelles, les musées font preuve de créativité et d’innovation pour répondre aux attentes des visiteurs. En fait, la SMQ s’interroge davantage sur la demande plutôt que sur l'offre et, de surcroît, sur les moyens dont disposent les musées pour promouvoir leurs activités auprès des divers publics. Entre autres, il reste encore beaucoup à faire pour joindre les clientèles touristiques hors Québec tout comme pour inciter les Québécois à profiter des attraits culturels durant leurs vacances estivales.
Au cours des dernières années, les institutions muséales du Québec ont démontré leur capacité d’accroître leur fréquentation. En 2013, les musées, les lieux d’interprétation et les centres d’exposition ont accueilli 14,2 millions de visiteurs, ce qui est supérieur à la moyenne des cinq dernières années (soit 13 millions). La fréquentation atteint ainsi un record depuis le début de l'enquête de l'Observatoire de la culture et des communications, il y a 10 ans. La SMQ considère qu’il faut maintenant mieux documenter la provenance des visiteurs des musées et en dégager des données statistiques pour l’ensemble du réseau muséal. À cet égard, elle entend travailler avec l’aide de ses partenaires à la production de données stratégiques sur le secteur, notamment en ce qui a trait aux retombées sociales, économiques et touristiques des musées. De telles données sont aujourd’hui essentielles pour mesurer la pleine valeur des institutions muséales et leur potentiel de développement. À titre d’exemple, dans son texte intitulé Développer l’économie par la culture, publié dans Le Devoir de lundi dernier, le directeur général des Musées de la civilisation, M. Michel Côté, fait la démonstration qu’il peut y avoir un retour sur l’investissement appréciable lors de la production d’une exposition majeure, soulignant entre autres des retombées de fréquentation touristique de 12 millions de dollars.
À la veille de la présentation du premier budget du gouvernement Couillard, la SMQ plaide pour la pleine reconnaissance du rôle essentiel joué par les institutions muséales du Québec et de leur juste valeur sur les plans culturel, social, économique et touristique.